HIT THE ROAD
Du 27/04/2022 au 24/05/2022
QUINZAINE DES RÉALISATEURS • FESTIVAL DE CANNES 2021
Pour son premier long-métrage, Panah Panahi – fils du réalisateur Jafar Panahi – a construit un assemblage étonnant de personnages : enfermée dans une voiture, une famille dénote, surprend, compose une sorte de ballet à quatre dans lequel chacun détient son rôle propre et sa part de secret. Le père repose à l’arrière du véhicule, affublé d’un énorme plâtre et d’un humour très particulier. La mère irradie d’une angoisse dirigée vers ses deux fils. Le plus jeune est un monstre d’excentricité burlesque, remuant et créatif. L’aîné est le plus mutique, conduisant ses pairs vers une destination inconnue. Le mouvement du film est imprimé par leur déplacement automobile. Les autres scènes sont de vastes plans fixes composés avec beaucoup de soin. Dans cette opposition formelle entre ce décor naturel somptueux et les protagonistes recroquevillés dans leur bagnole se nichent les détails les plus intéressants de l’histoire, les informations les plus cruciales – distillées au compte goutte. Malgré ces révélations, le non-dit demeure la figure la plus captivante de l’intrigue. Le drame reste hors champ : Panahi préfère égrener quelques beaux moments de comédie mais aussi de merveilleux, par le biais notamment du gamin qui jongle avec les mots et les situations avec une verve surprenante.
Première œuvre singulière, Hit the road cultive ses spécificités à rebours des représentations traditionnelles de l’Iran contemporain. Plus familial que politique, il se fait le témoin des vicissitudes endurées par ces générations pour rêver d’un ailleurs, synonyme de liberté pour des personnes qui en manquent cruellement. Cet humanisme vibrant est le cadeau transmis par ce très joli premier film.
(D'après Florent Boutet • lebleudumiroir.fr)