GUANZHOU, UNE NOUVELLE ÈRE

L’hyper-urbanisation de la Chine bute sur une culture ancestrale qui refuse de mourir. En 2008, les deux mille villageois de Guanzhou, une île fluviale à proximité de Canton, sont chassés par les autorités locales pour construire un prétendu « Parc écologique ». Malgré la destruction de leurs maisons et la pression policière, une poignée d’habitant.e.s retourne vivre sur l’île. Pendant sept ans, le réalisateur filme leur lutte pour sauver leurs terres ancestrales, entre les ruines du village où la nature reprend petit à petit ses droits, et les chantiers de la mégapole qui avancent inexorablement vers eux. Subiront-ils le même sort que les cinq millions de paysans expropriés chaque année en Chine ?

Boris Svartzman documente l’urbanisation massive et globale de l’empire du milieu depuis près de vingt ans. Sensibilisé dès l’enfance à ces évolutions économiques et politiques qui modifient l’identité des villes, il photographie dans un premier temps la transformation des zones urbaines avant de se déplacer dans les campagnes chinoises où il choisit de passer des images fixes aux images « vivantes ». Caméra à la main, ce changement de regard l’amène à recueillir les témoignages, forts et précieux, de quelques-unes des familles menacées d’expulsion. Le documentaire donne ainsi à entendre une parole qui se fait rare et sauve de l’oubli tout un pan de la culture chinoise traditionnelle, malheureusement vouée à disparaître totalement au cours des prochaines décennies.