GAZA

Deux cinéastes irlandais ont cherché à combattre les idées reçues dans un documentaire laissant en retrait les responsabilités politiques du Hamas, de même que celles du gouvernement israélien, pour concentrer leur attention sur les rituels, les rêves, et les nombreux pieds de nez à l’austérité d'un territoire devenu une prison à ciel ouvert. Si Garry Keane affiche une longue carrière de documentariste, le photojournaliste Andrew McConnell apporte le ton humaniste du film. Car, dans le cadre d’un photoreportage, McConnell avait jadis observé, et magnifié, des amateurs de… surf, pour lesquels les vagues qui balaient les plages de Gaza représentent une parcelle de liberté.

Ces échappées salutaires sont d’ailleurs rares à Gaza. Alors, comment appréhender le quotidien dans un contexte de chaos perpétuel ? Les deux cinéastes sont partis à la rencontre de gens de tout âge et tout milieu : du jeune Ahmad qui préfère la plage à sa petite maison encombrée de frères et soeurs, à Karma, fille de bonne famille pour qui le violoncelle représente un magnifique échappatoire. On croise également un chauffeur de taxi philosophe, un directeur de théâtre d’une exubérance flamboyante, un ancien photographe devenu sauveteur et un tailleur réduit à l’inactivité à chaque interruption d’électricité. L’organisation d’un premier défilé de mode, la pratique d’un instrument de musique et les nombreux zigzags dans des quartiers surpeuplés témoignent d'une vitalité capable de défier tous les occupants belliqueux et tous les gouvernements corrompus.

(Daprès André Lavoie • Le devoir)