EVERYBODY LOVES TOUDA
Du 18/12/2024 au 20/01/2025
SÉLECTION OFFICIELLE, CANNES PREMIÈRE • FESTIVAL DE CANNES 2024
L'Aïta, forme de poésie chantée, est née il y a des siècles au Maroc. Portés par les hommes, ces récits épiques traversaient le pays d'une vallée à l'autre. Au XIXe siècle, une femme nommée Kharboucha décide de briser les interdits et de s'approprier ce chant, qui devient alors féminin. Appelées Cheikhates, les femmes ont enrichi le répertoire en évoquant des choses subversives pour l’époque telles que le désir, le corps et l’amour. Dans les années 60 et 70, de nombreuses Cheikhates ont rejoint les villes et se sont vues contraintes de chanter dans des cabarets. D'abord admirées pour leur liberté, elles furent peu à peu honnies et leur respectabilité remise en question. Aujourd'hui encore, elles sont tiraillées entre la puissance de leur chant et une société qui voudrait les domestiquer... Touda est habitée par l'Aïta. Son plus grand rêve est de devenir une Cheikhate reconnue. Mais son village de montagne est bien étriqué pour ses rêves de gloire, et les hommes bien trop rustres pour accueillir son chant. Décidée à offrir un avenir meilleur à son fils, Touda décide de partir tenter sa chance à Casablanca...
Nabil Ayouch retrouve, à travers de sublimes scènes musicales, l'énergie rageuse de Much loved. Everybody loves Touda est autant un cri de colère contre un pays corseté dans des croyances rétrogrades qu'un chant d'amour pour ses paysages magnifiques et, surtout, pour celles qui luttent chaque jour afin de pulvériser les carcans. Nisrin Erradi est totalement possédée par son personnage : à la fois puissante et vulnérable, elle transpire la douleur et la détermination. À travers elle, le film devient un hymne de révolte bouleversant.