NOUS LES INTRANQUILLES

ll y a sans doute un autre regard à porter sur la folie, une vision différente à aller chercher dans des lieux peu conventionnels comme la clinique de La Borde initiée par Jean Oury, figure de la psychothérapie institutionnelle, ou encore le centre de jour Antonin Artaud à Reims dans lequel le fondateur Patrick Chemla, militant dans le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, intègre ses patients à cette réflexion qui les concerne en premier lieu : quel est le sort que l’on réserve aux fous dans notre société ? Ce n’était pourtant pas l’ambition du réalisateur que de répondre à cette question, lui qui souhaitait faire un film d’ordre politique, trouver un collectif qui œuvre avec la vision d’une société non-hiérarchique...

Au centre Artaud, il n’y a ni blouse blanche, ni pyjama, peu de médicaments et seulement si nécessaires. L’enjeu est ici de tisser des relations qui permettent une insertion à long terme dans la ville et dans la vie. À travers leur autoportrait, les patients donnent une image humaine, sensible de la folie. Nous les intranquilles devient peu à peu un film collectif, politique qui témoigne d’une utopie concrète au quotidien.