EUREKA
Du 28/02/2024 au 19/03/2024
SÉLECTION OFFICIELLE, CANNES PREMIÈRE • FESTIVAL DE CANNES 2023
Combien de films peuvent-ils se vanter d'aussi bien porter leur titre ? Celui-ci semble d'abord d’une ironie presque provocante tant le cinéaste argentin refuse les explications évidentes et les scénarios prévisibles. C’est aussi un mot de passe magique pour entrer dans l’univers onirique de ce conte qui se joue des frontières – géographiques, culturelles et cinématographiques – et obéit à sa propre logique narrative. Il a fallu près de dix ans pour qu’Alonso donne enfin suite à Jauja : cette inclassable invitation au voyage intérieur valait bien l’attente.
Avant de prendre son envol, Eureka déboule en plein western : un hors-la-loi à la gâchette facile croise, au saloon le plus mal famé du coin, la route d’une femme shérif. Puis le film change entièrement de peau, se réincarne, comme si toutes les cartes présentées dans la séquence d’introduction venaient d’être retournées et que soudain le voile d’illusions sur cette vision fantasmée de l’ouest américain avait été levé. Nous suivons désormais une autre femme shérif au sein d’une réserve amérindienne. Nous croyons alors être en plein réalisme sans concession, un comble pour Lisandro Alonso, mais...
Nous n’en dirons pas plus sur les chemins rêveurs qu’emprunte Eureka, oeuvre à la lenteur soutenue, exigeante, mais généreuse en poésie et en mystère. Rares sont les cinéastes capables de donner ainsi à voir un monde parallèle caché derrière d’anodines apparences, presque dans les interstices de notre quotidien. Ainsi, une simple scène dans laquelle une femme prend son temps pour boire une tisane devient le tour de passe-passe le plus émouvant de ce voyage fou.
(D'après Gregory Coutaut • lepolyester.com)