ENYS MEN
Du 10/04/2024 au 22/04/2024
QUINZAINE DES CINÉASTES • FESTIVAL DE CANNES 2022
1973, sur une île inhabitée des Cornouailles, une passionnée examine consciencieusement une fleur rare. Elle prend la température, laisse tomber une pierre au fond d'un puits et note ses observations dans un carnet de bord. Elle fait les mêmes gestes chaque jour, son emploi du temps variant uniquement en fonction du réservoir du groupe électrogène et des livraisons de nourriture. Dans le souffle froid du sud-est de l'Angleterre, des landes à la maison de pierre qui abrite la bénévole, la routine est tranquille, d’une monotonie épanouissante. Sous terre, il y a d'anciennes mines. Sur terre, on peut voir une jeune fille, arrivée là d'on ne sait où, entendre des sons eux-aussi d’origine inconnue. Il est possible que seul le vent connaisse la réponse...
En format carré et avec une soyeuse pellicule 16mm, Enys men semble tourné en 1973, année de The wicker man, illustre représentant de la folk horror. Mark Jenkin ne se jette pas entièrement dans le genre mais il tourne autour. Sur le gros rocher sortant de l’eau règnent les légendes de la région, les pierres semblent en vie et le sous-sol encore en activité. L’île paraît être un écosystème indépendant dans lequel les temps se mélangent, à moins qu'il s'agisse des cauchemars du personnage. Inclassable, Enys men nous échappe... Mark Jenkin use de tous les moyens cinématographiques pour nous perdre avec délice dans cette nature mystérieuse. Cette oeuvre énigmatique, censée avoir été réalisée en 2022, ne serait-elle pas en réalité un objet filmique datant de 1973, exhumé des profondeurs des Cornouailles ?