CHER BASSIN

Mathieu Kiefer dresse un portrait sensible du bassin de Decazeville, ancienne cité minière de l’Aveyron qui apparaît aujourd'hui comme la ville-symbole du destin des exploitations houillères en France. Malgré les luttes, les dernières décennies lui ont fait connaître la fermeture de plusieurs usines et les pertes d’emplois. Aujourd'hui, la mine abandonnée ne représente plus que les stigmates du passé industriel glorieux de la vallée, au sein d'un paysage encore largement marqué par la ruine de son activité principale, entre friches industrielles et urbanisme désordonné.

Pourtant, le réalisateur ballade sa caméra avec grâce et bienveillance dans cette ville qui l’a vu grandir. Et le temps d'une pause sur la table de Léa la tatoueuse ou devant le miroir de Vincent le coiffeur, les Decazevillois se questionnent concernant ce fameux Bassin et ce qu'il est devenu. Peu à peu la ville prend vie et devient une véritable âme à laquelle s’adresse directement Mathieu Kiefer. Plus qu’une lettre, ce film est un poème qui lui est entièrement dédié : « Cher Bassin. Je suis né chez toi, j’ai grandi entre tes murs. Tes rues circulent en moi, comme le sang dans mes veines. Chacun de tes recoins réveille en moi un moment, un souvenir. Je suis fier de porter ton histoire et ton passé, même si je t’ai vu changer, évoluer, dépérir. J’ai vu des gens se battre pour que tu restes debout, je t’ai vu perdre de ta splendeur. Parfois, tu sais, comme dans un vieux couple, l’amour et la haine se mélangent dans un tourbillon de sentiments. »