JEUDI 25 JANVIER À 20H30
En partenariat avec l’Association des Russophones et Russophiles de l’Université Toulouse Jean Jaurès, avant-première suivie d'une rencontre avec le réalisateur et comédien Aktan Arym Kubat.
(achetez vos places dès le 13/01)
CENTAURE
Du 25/01/2018 au 25/01/2018
PRIX CICAE « ART CINEMA AWARD » • FESTIVAL DE BERLIN 2017
Dans la mythologie grecque, un centaure est une créature mi-homme, mi-cheval. Dans ce film, c'est un père de famille vivant dans un village proche de Bichkek, la capitale du Kirghizistan. Centaure vit paisiblement, avec sa femme sourde et leur fils, et travaille sur des chantiers. Autrefois, il était projectionniste au ciné-club mais la salle de cinéma a définitivement fermé pour désormais accueillir la mosquée du village. Dans cette petite communauté, tout le monde semble se connaître et tout se sait très vite. Le cheval n'a plus la place qu'il occupait jadis dans la vie quotidienne, il n'est plus l'allié essentiel de l'homme, celui qu'on sacrifiait pour accompagner son maître décédé dans l'au-delà. Dans les légendes des temps passés, il était ses ailes et symbolisait sa liberté. Aujourd'hui, le cheval devient symbole de pouvoir et les quelques nantis du village s'arrachent les « cracks » capables de gagner aux courses... Alors lorsque le riche Karabay, demi-frère de Centaure, se fait voler un étalon d'une grande valeur, tous les moyens sont mis en œuvre pour retrouver le coupable, même si l'animal réapparaît rapidement dans une autre écurie...
Aktan Arym Kubat décrit, modestement mais avec beaucoup de nuances, un monde en mutation, tenté d'oublier peu à peu les traditions. Entre les restes du règne soviétique, l'arrivée d'un islamisme radical et l'attrait grandissant de la culture occidentale et du modèle capitaliste, les influences sont nombreuses et les repères se perdent. Loin d'être moralisateur, le film propose plutôt une ébauche des différents travers de cette société de manière poétique, à travers une histoire passionnante au scénario parfaitement ficelé. Au milieu des montagnes kirghizes, Aktan Arym Kubat nous livre un film esthétiquement magnifique, dans lequel il interprète le rôle principal avec un talent incontestable. Le personnage de Centaure est l'incarnation de la gentillesse. Il dégage une forme de bonté « naïve » qui le rend vulnérable au sein d'une société dans laquelle le collectif s'invite dans la sphère privée. Toutefois, le film ne sombre jamais dans une vision pessimiste ou négative de la réalité, justement parce que l'honnêteté du protagoniste amène les autres à se poser des questions. C'est de cette manière qu'il évoque, subtilement et toujours avec de belles idées de mise en scène, des problématiques qui dépassent largement les frontières kirghizes.
Déjà remarqué par ses précédentes réalisations Le voleur de lumière et Le singe, Aktan Arym Kubat est le seul réalisateur khirgize à être reconnu à l'échelle internationale. Il confirme ici un statut d'auteur à l’œuvre cohérente, singulière et profondément politique. Centaure est un petit bijou de cinéma et un beau moment d'évasion.