C'EST TOI QUE J'ATTENDAIS

« Je me sens bien seule et je ferme ma gueule quand, autour de moi, toutes les cigognes frappent aux portes, sont passées par là. J’ai envie d’hurler, j’ai envie de pleurer, je m'accroche à ton cou. Qu'est-ce qu'ils font les autres ? Qu'est-ce qu'ils ont les autres de plus que nous ? » Évoquée par l’une des protagonistes du film, cette chanson du duo Brigitte résonne avec acuité au cœur de C’est toi que j’attendais. Le désir d’enfant renvoie chacun-e aux ressorts les plus instinctifs de son histoire intime. La réalisatrice a choisi de se placer à ce croisement où s’enchevêtrent joies et souffrances, espérances et désillusions, et de privilégier une approche plurielle à travers quatre trajectoires réfléchissant l’adoption.

Côté pile se trouvent donc deux couples engagés dans un processus d’adoption : l’un encore aux prémisses, dans l’anxiété des entretiens et des visites évaluant sa candidature, l’autre ayant déjà reçu un agrément mais attendant depuis près de trois ans qu’un enfant lui soit confié. Côté face, le documentaire donne la parole à une mère ayant accouché sous X – récit particulièrement bouleversant – qui rêve de retrouver ce fils, près de trente ans après, pour apaiser son âme débordante de culpabilité et d’amour maternel inassouvi. Une volonté de renouer le lien qui est aussi celle d’un père de famille français menant une enquête sur la femme inconnue qui lui a donné naissance en 1972.

Stéphanie Pillonca signe un documentaire de témoignages émotionnellement puissants, que la cinéaste sait parfaitement faire respirer cinématographiquement. À l'instar de Pupille de Jeanne Herry ou du récent Une histoire à soi d'Amandine Gay – tous deux programmés au Cosmo – elle parvient à intégrer tous les points de vue, à appréhender toutes les facettes d'une problématique aussi complexe que poignante.

(D'après Fabien Lemercier • cineuropa.org)