Danny, ancien taulard, aspire à une vie tranquille. Elle bascule brutalement quand la fille de sa logeuse est victime d’une agression…

Bluebird est un film prenant et atypique grâce, dans un premier temps, à ses atouts formels. Jérémie Guez  possède un sens du cinéma impressionnant et une capacité à composer des plans qui impriment la rétine. La force de son film réside ensuite dans son duo central, charismatique en diable et vecteur de tensions et d’émotions fortes. La présence animale et envoûtante de Roland Møller et les fêlures teintées de rébellion de Lola Le Lann confèrent au récit sa chair et sa densité. Le réalisateur excelle dans la peinture de ces personnages à la marge et de leurs tentatives – souvent vaines – de sortir la tête de l’eau. Il maîtrise sa matière, suit le rythme de son protagoniste, dépeint un rapport trouble entre cette jeune ado et ce type cassé de partout en qui elle voit un père de substitution. Bluebird trouve sa respiration dans les scènes qui les réunissent : une étreinte, un demi-sourire ou un regard imperceptible rendent leurs interactions touchantes. Quand la violence et la tension explosent dans le dernier tiers du film, Guez démontre à nouveau tout son savoir-faire pour instaurer une ambiance et un climat, bien aidé par des décors et les endroits glauques qu’il filme souvent avec brio. Ce coup d’essai prometteur ne pourra laisser indifférents les amoureux du film noir, notamment ceux qui ont été sensibles à Bullhead de Michaël R. Roskam.