AYKA
Du 16/01/2019 au 05/02/2019
PRIX D'INTERPRÉTATION FÉMININE • FESTIVAL DE CANNES 2018
Une maternité dans une Russie enneigée. Une jeune femme vient juste de donner naissance à son enfant. Alors que les sages-femmes la tancent vertement pour qu'elle l'allaite immédiatement, cette dernière profite d'un passage aux toilettes pour forcer l'ouverture d'un vasistas et s'enfuir au cœur de la tempête... Elle rejoint alors en toute hâte un atelier clandestin où elle reprend son poste harassant de plumage de poulets, malgré la douleur des suites de son accouchement. Cette femme, c'est Ayka. La caméra de Sergey Dvortsevoy va la suivre sans cesse – via de longs plans séquences – dans sa course effrénée pour s'en sortir. Nous comprendrons peu à peu qu'elle est immigrée kirghize à court de papiers, endettée et poursuivie par ses usuriers : elle doit donc à tout prix trouver l'argent pour les rembourser. Mais ses épreuves s'accumulent : alors que le patron de l'abattoir s'avère être un escroc qui s'enfuit avec volatiles et salaires, ses souffrances physiques ne lui laissent pas un instant de paix. Pourtant, Ayka ne peut pas se permettre de s'arrêter. En mouvement perpétuel, elle se lance à la recherche d'un nouvel emploi, court, fuit, se bat avec l'énergie du désespoir...
À travers un récit fragmenté, Ayka dresse un portrait terrifiant et sans concession de la société russe, dominée par le racisme et l'indifférence, l'exploitation des plus faibles et l'absence de solidarité. Intransigeant et d'une grande noirceur, il n'est toutefois jamais misérabiliste, grâce notamment à l'exceptionnelle performance de son actrice principale. Il transpose ainsi au cœur de l'hiver moscovite un cinéma proche – par la puissance de sa radicalité – de celui des frères Dardenne : un film coup de poing, effroyablement beau.