INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANS

Lily et ses trois meilleures amies, en terminale au lycée, évoluent dans un univers de selfies, d’emojis, de snapchats et de sextos. Mais lorsque Salem, la petite ville où elles vivent, se retrouve victime d’un piratage massif de données personnelles et que la vie privée de ses habitants est rendue publique, la communauté sombre dans le chaos. Accusée d’être à l’origine du piratage, Lily est prise pour cible. Elle doit alors faire front avec ses camarades afin de survivre à une nuit sanglante et interminable.

À la fois portrait d’une jeunesse connectée en quête existentielle, charge politique et série B musclée, Assassination nation passe d’un genre à l’autre avec habileté et une maîtrise formelle indéniable. Stylisée et en totale adéquation avec les régimes d’images générés par les nouveaux outils numériques, la mise en scène est inventive, nerveuse et percutante. Le réalisateur montre, à l’extrême (quoique !), la dérive qu’entraînent les réseaux sociaux dans lesquels vie publique et privée ne sont plus dissociées, créant schizophrénie, paranoïa, discrimination et violence.

Le choix de la ville de Salem n’est pas anecdotique, puisque ces jeunes adolescentes révoltées, libérées mais aussi naïves sont confrontées à l’hypocrisie ambiante et au puritanisme d’une Amérique conservatrice. Sam Levinson rappelle ainsi les procès de « sorcières » du XVII^e siècle, accusées de dévoyer les âmes... Entre une jeunesse animée par son seul désir narcissique et un pays engoncé dans ses fondements réactionnaires, le réalisateur dresse un portrait d’une Amérique au bord du gouffre.