AS I WANT

As I want, premier long métrage de la cinéaste palestinienne Samaher Alqadi, constitue un témoignage d’une puissance extraordinaire. Son point de départ : les agressions sexuelles dont ont été victimes des femmes sur la place Tahrir, au second anniversaire de la révolution. Ces agressions ne sont pas nouvelles, elles n’appartiennent pas strictement à la place Tahrir – ni à l’Égypte – et le film examine ainsi plus largement la manière dont les femmes sont considérées par les hommes.

Le plus impressionnant dans As I want, c’est lorsque Samaher Alqadi sort de son histoire intime pour affronter le monde. Elle croise des hommes qui la harcèlent, lui expliquent comment s’habiller, comment ne pas être coupable d’exciter les mâles, comment un tel diamant devrait rester à la maison... En un mot comment disparaître de l’espace public qui ne lui appartiendrait pas – un pur cauchemar. Une partie importante de la révolution est alors de montrer que l’on n’a pas peur – il y a pourtant de quoi. Le documentaire enseigne ainsi la riposte.

On a le sentiment que Samaher Alqadi risque sa vie en filmant le quotidien de ses semblables. Sa caméra capture la routine de ces agressions, mais elle change aussi les choses en exposant des visages tout à coup moins sûrs d’eux. Elle saisit également avec force le pouvoir collectif des femmes, leur solidarité. As I want célèbre ainsi la rage des femmes, une rage belle et galvanisante car remplie d’espoir.

(D'après Nicolas Bardot • lepolyester.com)