ARIAFERMA

Perchée dans les montagnes sardes, la vétuste prison de Mortana vit ses derniers jours. La plupart des secteurs sont fermés, laissant vides des cellules aux murs décrépis. Alors même que les gardiens se réjouissent de sa fermeture imminente, une problématique administrative interrompt le transfert d’une douzaine de détenus. Gaetano Gargiulo, surveillant le plus expérimenté, se voit chargé du fonctionnement de l'établissement en équipe réduite : détenus et gardiens doivent cohabiter pendant quelques jours, enfermés dans le dernier secteur encore ouvert. Les cuisines ne sont plus en service, le droit de visite temporairement supprimé... Les tensions liées à cette situation précaire vont rapidement émerger, laissant présager une possible révolte. C’est pourtant envers ses propres membres que le groupe cosmopolite de prisonniers, miroir d’une société désabusée, sera le plus intraitable. Carmine Lagioia, qui finit de purger une longue peine, profite de ces circonstances pour s'introniser porte-parole des détenus, testant au passage l’autorité de Gargiulo. Alors que les règles sont peu à peu redéfinies, la frontière séparant les deux camps semble se troubler. Lors d'un crépusculaire repas partagé aux allures de Cène, au cours duquel tous – ou presque – occupent le même rang, le rapprochement temporaire opéré par des intérêts communs paraît illusoire...

Leonardo di Costanzo développe tout au long de son film une atmosphère suspendue – Ariaferma signifie air immobile – pourtant loin d’être détendue. La méfiance est palpable et la prudence de mise, alimentant avec une force tranquille la tension sous-jacente liée au confinement de cette nouvelle communauté. Dans cette prison à demie abandonnée, perdue dans les montagnes, l’enfermement n'est pas uniquement l’apanage des détenus...