A CIAMBRA
Du 20/09/2017 au 10/10/2017
LABEL EUROPA CINÉMAS • QUINZAINE DES RÉALISATEURS 2017
Pio vit avec sa famille dans une communauté rom en Calabre. Il a 14 ans et comme tous les enfants de la Ciambra, il veut grandir vite. Comme son grand frère Cosimo, il boit, fume et apprend l’art des petites arnaques de la rue. Quand Cosimo se fait arrêter et n’est plus en mesure de veiller sur la famille, Pio va devoir prendre sa place. Mais ce rôle trop lourd pour lui va vite le dépasser et le mettre face à des choix déchirants.
En 2011, lors du tournage d’un de ses premiers courts-métrages à Gioia Tauro, le réalisateur se fait voler sa voiture pleine de matériel. Quand une telle chose arrive, on sait là-bas qu’il faut se tourner vers les gitans pour la racheter. Il rencontre alors la famille Amato qui lui inspire le scenario d’A Ciambra, dans lequel toutes et tous joueront leur propre rôle. Bien plus qu’un documentaire romancé sur leur vie quotidienne au sein du camp, le film est avant tout l’histoire de Pio et de son passage difficile à l’âge adulte, un récit initiatique à la force et l’énergie folles. À la Ciambra, pas vraiment d’adolescence possible : on est un enfant ou un homme, on est dominé ou dominant, on est Rom ou Africain mais on ne se mélange surtout pas, on se méprise même... ou on est un faible. Et pourtant l’amitié entre Pio et Koudous est bien réelle et donne au film de beaux instants de grâce portés par de riches idées de mise en scène. Le croisement des chemins de ses deux personnages en lutte pour leur survie, chacun à sa manière, s’apprivoisant et apprenant à se faire confiance, fait briller une lueur d’espoir dans ce chaos humain.
Jonas Carpignano réussit a diriger ces acteurs non-professionnels avec brio. Il leur laisse assez de place pour raconter leur histoire au sein de celle qu’il a lui même écrite, magnifiant ainsi l’authenticité et la justesse troublantes de leur jeu. Toutes les scènes ont d’ailleurs été tournées sur le camp, chez eux, et non en studio. Pio crève littéralement l’écran (et pas que !) et parvient à faire passer dans ses yeux, en une même scène, l’innocence de l’enfance ou toute la dureté du monde. Deuxième long-métrage et deuxième sélection à Cannes pour Jonas Carpignano : après la Semaine de la Critique en 2015 pour Mediterranea, c’est la Quinzaine des Réalisateurs qui a soutenu cette année A Ciambra. Autre jolie surprise au générique, c’est le nom de Martin Scorcese qui sélectionne et soutient des premiers et seconds films : ici producteur exécutif, il a participé au montage final. Un appui de taille pour une belle découverte.